S’inspirant du livre de Walter Benjamin, Das Passagen – Werk publié en 1939, la toute dernière série de John A. Schweitzer, L’Alphabet de Benjamin, est moins un « hommage » au philosophe allemand décédé au siècle dernier qu’une recherche fouillée de l’art français du dix-neuvième siècle.
Le Projet des arcades de Benjamin porte sur la tradition française du flâneur et de la promenade. Ordonnant son texte en trente-cinq chapitres, ou konvoluten, l’écrivain explore ce thème ambulatoire dans le contexte de la « vitrine » parisienne, ou devanture de commerce, en tant que ville en miniature et l’arcade, comme un temple dédié au culte de la commodité. Le fait de déambuler dans un espace urbain offre le véhicule pour remettre en question les notions acceptées d’art et d’histoire culturelle.
L’Alphabet de Schweitzer utilise le texte de Benjamin comme un « montage littéraire », où il peut classer ses fragments anarchiques d’objets trouvés contemporains sous forme d’archives métaphoriques. Porteurs d’allusions visuelles et textuelles allant de Baudelaire et Mallarmé à Proust, ainsi qu’à Benjamin lui-même, ces trente-cinq collages d’échelle privée dissèquent l’ « histoire primale » (selon les termes de Benjamin) de la société bourgeoise de l’ère postnapoléonienne, telle qu’elle se reflète dans les détritus du Paris du baron Haussmann.
Cette exposition donne suite à une présentation inaugurale à la Galerie Sussex en septembre 2005, à Ottawa, et précède une tournée européenne en 2006.