En photographiant les baigneurs de Varanasi et de Trimbak, deux villes sacrées de l’Inde, j’ai été saisie par la concentration presque animale des baigneurs dans cette occupation quotidienne de la toilette matinale sous l’œil attentif de Shiva. Dans mon esprit, ces baigneurs rejoignent les baigneurs de Cézanne que j’admire depuis tant d’années. Dans un monde aussi sophistiqué que le nôtre, cette vision d’une connexion véritable du corps et de l’esprit reste pour moi un idéal auquel j’aspire et que je cherche à traduire dans une œuvre plastique. Je suis retournée en Inde dans les Himalayas et c’est à Badrinath, ville de pèlerinage, que j’ai pris mes dernières images. J’ai travaillé sur papier des gouaches de petit format que j’ai numérisées, retravaillées avec le logiciel photoshop puis imprimées au jet d’encre. Ces scènes de bain m’inspirent ce dérapage vers une expression plus primitive du corps, une exaltation. Je cherche à travers ces corps nus une expression sacrée. L’érotisme divinisé, dirait Alain Daniélou.