Des animaux en peluche se sont infiltrés dans notre monde et dans mes œuvres. Réagissant à la présence grandissante de ces objets sentimentaux kitsch que l’on trouve partout, je vise, dans mes peintures et assemblages, à souligner l’absurde en les représentant comme des êtres vivants, habités par des émotions et des conflits. Les assemblages sculpturaux que je fabrique intègrent des animaux en peluche, des crânes et des os d’animaux ainsi que des yeux de verre utilisés dans la taxidermie. Liés entre eux, « attachés » par des relations impossibles, ils se transforment en êtres hybrides ataviques étranges. Mes toiles sont peintes directement à partir de ces assemblages et vont au-delà d’une simple relation descriptive aux objets; elles modifient radicalement la taille, l’échelle et la perspective de leurs sujets. Mes œuvres sont des inventions, ou ré-inventions, qui ont subi un processus imaginatif de transformation et qui génèrent des tensions psychologiques et visuelles. Composées d’éléments disparates ajoutés progressivement et reliés ensemble, elles expriment métaphoriquement la manière dont notre culture nous façonne.
Le titre de cette exposition, Familiars, fait allusion aux esprits guides ou aux compagnons animaux dépeints dans un folklore qui remonte au Moyen Âge. Dans son travail, Lorraine Simms ré-imagine ces guides magiques sous la forme d’hybrides fabuleux composés d’animaux en peluche tordus et attachés ensemble. Transformés en êtres ataviques étranges, ces simulacres aux couleurs fluo se soustraient à l’extrême attendrissement et au sentimentalisme kitsch qui les relient habituellement à notre monde. Ces entités familières, nos alter ego, rejoignent ainsi un monde obscur et menaçant, un paysage mental surréel qui brouille et bouscule les associations. Comme dans les contes de Grimm, ces créatures déformées évoquent le côté sombre des choses ; l’anxiété rôde derrière leur façade ludique.
Lorraine Simms détient une maîtrise de l’Université Concordia à Montréal. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions individuelles et de groupe dans des musées et galeries au Canada et aux États-Unis, notamment le Musée national des beaux-arts du Québec (Québec), la galerie Leonard & Bina Ellen et la galerie McClure (Montréal), le Musée d’art de Joliette (Joliette), le Centre d’exposition Expression (Sainte-Hyacinthe), la Tom Thomson Gallery (Owen Sound), la galerie d’art Beaverbrook (Fredericton), la galerie Anna Leonowens (Halifax), la galerie Stride (Calgary), l’A.R.C. Gallery (Chicago). Des critiques de ses œuvres ont été publiées dans plusieurs revues d’art, parmi lesquelles Canadian Art, Border Crossings, Parachute, et dans des quotidiens nationaux et régionaux. Elle a reçu de nombreuses subventions du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des Arts du Canada. Lorraine Simms vit et travaille à Montréal.