Erik Nieminen – ABOVE BELOW – du 8 mars au 1er avril 2018

La GAO sera fermée le vendredi 30 mars et le dimanche 1er avril

Mes œuvres présentent une réalité indépendante, un monde qui dépend de notre monde réel mais qui en est séparé. Je cherche à déconstruire la réalité que nous habitons pour la refaire selon la logique inhérente au processus de peinture. Dans cet esprit, mes productions ne peuvent être définies comme réalistes, photoréalistes ou représentatives, tout comme elles ne peuvent être considérées comme abstraites ou non objectives. Je m’intéresse principalement à la dissolution de l’espace, de la perspective, de la lumière et du temps à travers divers degrés de figuration et d’abstraction. Je crée la forme selon un processus réactif et adaptatif; je retravaille les couleurs et les formes jusqu’à ce que je trouve une solution idéale. Ainsi, le processus lui-même reflète la façon dont agit le temps – je change progressivement la réalité jusqu’à ce que ce qui est familier évolue vers quelque chose de renouvelé.

Les tableaux de l’exposition Above Below, dont certains seront présentés à Berlin en novembre 2018 lors d’une exposition élargie, portent essentiellement sur la perception. Dès que l’on transpose un monde tridimensionnel sur une surface bidimensionnelle, il devient métaphorique. La perspective linéaire tente de standardiser la métaphore de la représentation de l’espace – afin de la rendre stable pour la consommation – mais ni la perspective ni le bidimensionnel n’existent dans la nature. Partie intégrante de la nature en tant qu’humains, nous ne comprenons pas notre environnement, par exemple à travers un trou comme le fait la photographie (au sens conventionnel). Les images du XXe siècle sont entrelacées d’une incertitude agitée. Si, dans le passé, nous pouvions considérer les images produites mécaniquement comme une sorte de document, aujourd’hui il n’est plus possible de le faire en toute confiance. La subjectivité a été insérée dans l’image, dans la mesure où nous sommes potentiellement dans un âge post-photographique. Mon travail reconnaît l’existence de l’imagerie mécanique mais la rejette également. Il joue avec les hypothèses du spectateur sur la vérisimilitude de ce que nous voyons et se positionne comme une peinture post-photographique. Il emprunte ses termes ou son lexique au vocabulaire photographique, mais sa syntaxe picturale est libérée de toute condition préalable.

Mon rôle dans la création des œuvres présentées ici est relativement peu important. J’écoute les besoins de la peinture; elle dicte sa propre évolution. Ce que je fais consiste donc à orchestrer des possibilités, et ne répond à aucune question. Alors que l’espace conçu mécaniquement s’installe directement au cœur du monde mondain, la peinture loge à un endroit entre les réalités, où le temps et l’espace conventionnel sont dans un état constant de mutabilité. Ce n’est ni linéaire ni chronologique. Si l’on considère qu’une peinture est un commentaire sur notre propre monde, elle ne possède pas pour autant de signification prédéterminée. L’œuvre peinte, bien qu’ouverte au monde, n’existe que pour elle-même ; selon ses propres termes. Elle pose une question à laquelle nul ne peut répondre, dont la signification n’est alors que pertinente pour le spectateur de façon individuelle.

{{La genèse des œuvres de Above Below peut être trouvée dans l’observation, la mémoire, le dessin et la documentation vidéo. Une sélection de premières esquisses est incluse comme points de référence pour certaines des œuvres de l’exposition. Ces premières esquisses commencent souvent par des abstractions assez simples, et au fil du temps, les lignes ou les formes sont remplacées par des objets ou signaux agissant en quelque sorte comme des avatars pour leurs homologues dans notre monde.}}

Erik Nieminen, artiste finno-canadien, est né à Ottawa en 1985. Il a obtenu un BFA de l’Université d’Ottawa en 2007 et un MFA de l’Université Concordia à Montréal en 2010. Ses œuvres ont été présentées en Europe, en particulier à Londres lors d’une récente exposition solo à l’Albemarle Gallery, intitulée « The Unreal », et en Amérique du Nord. Sa prochaine exposition personnelle, intitulée « Paradise Not Lost », aura lieu à l’automne 2018 à la Galerie Magic Beans à Berlin. Il vit et travaille actuellement à Montréal